Século XVIII
Desdobramentos e Inversões
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Montesquieu
Lettres
Persanes
(1721)
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« Tu as
vu, mon cher Mirza, comment les Troglodytes périrent par leur méchanceté
même, et furent les victimes de leurs propres injustices. De tant de
familles, il n’en resta que deux qui échappèrent aux malheurs de la
Nation. Il y avait dans ce pays deux hommes bien singuliers: ils avaient
de l’humanité; ils connaissait la justice; ils aimaient la vertu.
Autant liés par la droiture de leur cœur que par la corruption de celui
des autres, ils voyaient la désolation générale, et ne la ressentaient
que par la pitié: c’était le motif d’une union nouvelle. Ils
travaillaient avec une sollicitude commune pour l’intérêt commun; ils
n’avaient de différends que ceux qu’une douce et tendre amitié
faisait naître; et, dans l’endroit du pays le plus écarté, séparés
de leurs compatriotes indignes de leur présence, ils menaient une vie
heureuse et tranquille. La terre semblait produire d’elle-même, cultivée
par ces vertueuses mains. Ils aimaient leurs femmes, et ils en étaient
tendrement chéris. Toute leur attention était d’élever leurs enfants
à la vertu. Ils leur représentaient sans cesse les malheurs de leurs
compatriotes et leur mettaient devant les yeux cet exemple si triste; ils
leur faisaient surtout sentir que l’intérêt des particuliers se trouve
toujours dans l’intérêt commun; que vouloir s’en séparer, c’est
vouloir se perdre; que la vertu n’est point une chose qui doive nous coûter;
qu’il ne faut point la regarder comme un exercice pénible; et que la
justice pour autrui est une charité pour nous. Ils eurent bientôt la
consolation des pères vertueux, qui est d’avoir des enfants qui leur
ressemblent. Le jeune peuple qui s’éleva sous leurs yeux s’accrut par
d’heureux mariages: le nombre augmenta, l’union fut toujours la même;
et la vertu, bien loin de s’affaiblir dans la multitude, fut fortifiée,
au contraire, par un plus grand nombre d’exemples ».
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Maubert de Gouvest
Lettres Iroquoises
(1752)
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« JE t’ecris, vénérable Alha, pour m’acquiter
de la commission, que tu m’as donnée au jour de l’assemblée de nos
Vaillans. J’ai traversé les mers habillé en Européen, & j’ai été
extrêmement surpris de trouver des pays delicieux, & des peuples
tout-à-fait differens de nous dans leurs manières, & dans leurs idées.
Les balots de pelleterie, que tu m’as donnés, m’ont procuré tous les
plaisirs & toutes les commodités de la vie, auxquelles je me suis
bien-tôt accoutumé. J’ai vendu ces depouilles de bêtes pour de
l’or. Je ne sai quelle vertu divine ces peuples voient dans ce métal :
ils sont remplis de joie à son aspect : ils en estiment plus un
morceau dur & massif, qu’un poisson ou un bœuf. J’avois grande
envie de rire de cette idée singulière: je croyais d’abord avoir manqué
de probité, en leur donnant si peu de chose pour avoir des habits & du vin.
Ils partagent cet or en petits morceaux plats & ronds, pour en porter
plus facilement dans les voyages, & pour leurs emplettes. En vérité,
sage Alha, ces hommes sont bien fous ou bien stupides. Nos pères, aussi
anciens que le soleil, nous ont laissé pour tout héritage leurs arcs,
leurs flêches & des peaux d’animaux :
ces choses sont utiles à la vie. Ce que je ne puis comprendre, c’est
que parmi ces nations bizares il y a des pauvres & des riches ;
distinctions inconnuës dans nos heureux déserts. Que j’aurai de choses
à t’écrire : je doute fort que nos illustres Iroquois, quand ils
seront bien informés, se resoudent jamais à bâtir des villes & des
temples, à vivre avec des loix aussi barbares, & aussi contraires au
bon sens, que celles de ces pays singuliers ». |
Dom Deschamps
Lettres
sur l'Esprit du Siècle
(1769)
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Jean-Henry Maubert de Gouvest
Lettres
Chérakéesiennes
(1769)
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Alain-René
Lesage et d'Orneval
L'Isle des Amazones
(1721) |
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Thomas
Artus d'Embry
Description de isle des Hermaphrodites nouvellement découverte
(1724)
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Marivaux
L’Isle des Esclaves
(1725)
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Louis Binet
Hommes et femmes aillés, au corps recouvert de plumes, volans dans l’
air (1781)
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