Século XVIII
Utopia política
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Jean Meslier
Mon
Testament
(1729)
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Morelly
Naufrage des Isle Flottantes, ou
Basiliade du Célèbre Pilpaï
(1753)
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« Au sein d’une vaste mer, miroir de cette profonde sagesse qui
embrasse et régit l’Univers; au sein, dis-je, d’une vaste plage,
toujours calme, exempte de funestes écueils et un continent riche et
fertile; là sous un ciel pur et serein, la Nature étale ses trésors les
plus précieux : elle ne les a point, comme dans nos tristes climats,
resserrés aux entrailles de la terre, d’où l’insatiable avarice
s’efforce de les arracher pour n’en jouir jamais: là des fertiles et
spacieuses campagnes, à l’aide d’une légère culture, laissent
sortir de leur sein tout ce qui peut faire les délices de cette vie; ces
plaines parées des plus magnifiques tapis de l’abondance, sont
entrecoupés de montagnes, dont l’aspect n’est pas moins agréable;
leurs pentes sont couvertes d’arbres toujours verts chargés de fruits délicieux,
toujours renaissants et toujours annoncés par des fleurs; sur leur sommet
s’élève avec pompe le cèdre incorruptible, et le pin sourcilleux;
leur têtes altières paraissent soutenir la voûte des cieux ; ils
semblent autant de colonnes où s’appuie un lambris orné d’azur et de
pierreries ; du pied des décorations de cette superbe scène découlent
de réservoirs abondants, une multitude de ruisseaux et de fleuves; leurs
eaux transparentes roulent avec un doux murmure sur un sable mêlé d’or
et de perles dont elles relèvent l’éclat; ces eaux pures se chargent
de sucs aromatiques et odoriférants; elles portent par une infinité de
canaux secrets vers les racines des plantes, les principes de leur fécondité;
leurs productions, nourries de ces parfums agréables, les répandent dans
un air salubre: il ne fut jamais corrompu par ces influences malignes,
funestes véhicules d’infirmités, de maladies douloureuses que la mort
fait marcher devant soi ».
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Numa
das mais célebres utopias políticas do século XVIII, Morely apresenta o
plano para uma nova ordem social marcada pelo retorno ao
comunismo integral das origens, pela defesa da propriedade comum dos bens
de produção e pela sua repartição em função dos desejos e
necessidades individuais, isto é, na obediência a uma regra de
«desigualdade harmoniosa» que garanta a todos a satisfação equilibrada
das suas necessidades e
paixões
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Morelly
Code de la Nature ou le Véritable
Esprit de ses Lois de tout temps négligé ou méconnu
(1755)
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« C’est donc en vain, sages de la terre, que vous cherchez un état
parfait de liberté là où règnent de tels tyrans. Discourez tant
qu’il vous plaira sur la meilleure forme de gouvernement; trouvez les
moyens de fonder la plus sage république; faites qu’une nation
nombreuse trouve son bonheur à observer vos lois: vous n’avez point
coupé racine à la propriété, vous n’avez rien fait; votre république
tombera un jour dans l’état le plus déplorable »
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Edmund Burke
A Vindication of
Natural Society
(1757)
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Gaspard-Guillard de Beurieu
L'Élève
de la Nature
(1763)
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Henri-Joseph Du Laurens
Imirce
ou la Fille de la Nature
(1765)
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Outra
das mais importantes utopias políticas do século XVIII
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Louis-Sébastien Mercier
L’An
Deux Mille Quatre Cent Quarante,
Rêve s’il en fut jamais
(1771)
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« Les rois qui sont aujourd’hui assis sur les trônes ne seront
plus; leus postérité ne sera poas, et toi, tu jugeras et ces monarques décédés
et les écrivans qui vivaient soumis è leur puissance »
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« Les choses me paraissent un peu changées, dis-je à mon guide;
je vois que tout le monde est vêtu d’une manière simple et modeste, et
depuis que nous marchons je n’ai pas encore rencontré sur mon chemin un
seul habit doré: je n’ai distingué ni galons, ni manchettes à
dentelle. De mon temps un luxe puéril et ruineux avait dérangé toutes
les cervelles; un corps sans âme était surchargé de dorure, et
l’automate alors ressemblait à un homme. C’est justement ce qui nous
a portés à mépriser cette ancienne livrée1 de l’orgueil. Notre œil
ne s’arrête point à la surface. Lorsqu’un homme s’est fait connaître
pour avoir excellé dans son art, il n’a pas besoin d’un habit
magnifique ni d’un riche ameublement pour faire passer son mérite; il
n’a besoin ni d’admirateurs qui le prônent, ni de protecteurs qui
l’étayent: ses actions parlent, et chaque citoyen s’intéresse à
demander pour lui la récompense qu’elles méritent. Ceux qui courent la
même carrière que lui, sont les premiers à solliciter en sa faveur.
Chacun dresse un place2, où sont peints dans tout leur jour les services
qu’il a rendus à l’Etat. Le monarque ne manque point d’inviter à
sa cour cet homme cher au peuple. Il converse avec lui pour s’instruire :
car il ne pense pas que l’esprit de sagesse soit inné en lui. Il met à
profit les leçons lumineuses de celui qui a pris quelque grand objet pour
but principal de ses méditations. Il lui fait présent d’un chapeau où
son nom est brodé et cette distinction vaut bien celle des rubans bleus,
rouges et jaunes, qui chamarraient jadis des hommes absolument inconnus à
la patrie. Vous pensez bien qu’un nom infâme n’oserait se montrer
devant un public dont le regard le démentirait. Quiconque porte un de ces
chapeaux honorables, peu passer partout ; en tout temps il a un libre
accès au pied du trône, et c’est une loi fondamentale. Ainsi,
lorsqu’un prince ou un duc n’ont rien fait pour faire broder leur nom,
ils jouissent de leurs richesses, mais ils n’ont aucune marque
d’honneur; on les voit passer du même œil que le citoyen obscur qui se
mêle et se perd dans la foule ».
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Restif
de La Bretonne
L’Andrographe
ou Idées d’un honnête homme sur un projet de règlement proposé à
toutes les nations de l’Europe pour opérer une réforme générale des
mœurs, et, par elle, le bonheur du genre humain,
(1782)
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« La base de toute
notre morale c’est l’ordre. Il faut, disons-nous, que l’ordre moral
ressemble à l’ordre physique. Personne chez nous ne s’en écarte, ni
ne peut s’en écarter. Nous sommes tous égaux. Il y a une loi simple,
courte, claire, qui parle seule et jamais l’Homme ne la remplace. Cette
loi est rédigée en peu de mots.
- Sois juste envers les Animaux, et tel que tu voudrais que fût à ton
égard un Animal supérieur à l’Homme.
- Que tout soit commun entre Egaux.
- Que chacun travaille au bien général
- Que chacun y participe également
C’est
avec une seule loi que tout est réglé: nous ne croyons pas qu’il y ait
aucun Peuple qui ait besoin d’en avoir davantage, à moins que ce ne
soit un Peuple d’Oppresseurs et d’Esclaves, car alors, je sens,
quoique je n’aie jamais vu de pareil Peuple, qu’il aura une multitude
de lois et d’entraves, telles qu’il en faut pour légitimer
l’injustice, l’inégalité, la tyrannie de quelques Membres envers
tout le Corps. Ces Peuples infortunés croient par là faire au moins le
bonheur de ceux d’entr’eux qui dominent. Ils se trompent ; il
n’y a de bonheur que dans la fraternité, dans ce doux sentiment:
Personne ne m’envie, mon bonheur ne coûte rien à Personne, tous mes Frères
en jouissent également. Ah ! Comment les prétendus Heureux d’une
Nation inégale, s’ils sont Hommes, peuvent-ils se gorger, tandis que
d’autres Hommes manquent du nécessaire ! Se divertir, tandis que
d’autres souffrent ! Se délecter, tandis que d’autres sont
accablés de travaux ! S’ils peuvent braver tout cela, ils ont le cœur
trop dur pour goûter le plaisir ; ils ne le connaissent pas; ils ne
peuvent avoir d’humanité; le sentiment de la compassion est éteint
chez eux. Nous avons dans notre voisinage de ces Peuples inégaux: ce sont
de petits Hommes, ils habitent l’Ile O-Taïti, et d’autres petites Iles voisines. Depuis cette
malheureuse inégalité, ces Peuples n’ont plus de mœurs; ils
prostituent leurs Femmes; ils ont de malheureuses Sociétés où l’on
outrage la Nature. Mais je souffre à vous entretenir de ces énormités,
que vous connaissez aussi bien que nous ».
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Gabriel
Bonnot de Mably
Des Droits et des
Devoirs du Citoyen, (1789)
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